Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

au sujet du seonmudo ,du zen et de mon expérience de pratique

seonmudo muwha school

art martial et sport de combat...

 


     La notion d’arts martiaux revêt encore aujourd’hui pour le grand public un aspect mystérieux, un attrait quelques fois proche du « Mythique », voire du « Mystique ». De très grands experts de tous continents en ont donné des définitions tantôt rationnelles, historiques, tantôt légèrement ésotériques, liées à leur pratique personnelle, voire à leur histoire. L’Occidental, que je suis, veut tout savoir, tout identifier, tout codifier pour se rassurer sûrement et pour avoir l’impression de détenir un certain savoir. A l’Est, au contraire, il y a davantage l’acceptation de sa condition, la capacité de ne pas brûler les étapes et d’attendre que la connaissance grandisse en eux par l’acquisition d’expérience. Quand j’ai commencé à voyager en Asie, et notamment en Corée, j’ai rencontré un expert chez qui je me suis entrainé pendant plus de 35 ans. Dés les premiers voyages, la question me brûlait les lèvres et en bon occidental impatient, n’y pouvant plus, je l’ai posée au Maître : « Maître, c’est quoi le Taekwondo ? ». Il répondit d’abord par un long silence prolongé par un sourire amusé, il soupira et s’assit confortablement dans le large fauteuil derrière son bureau.« Le taekwondo – dit-il – c’est la technique et un langage. Bien au-delà de ces techniques, il y a toi, l’humain qui va grandir avec ou sans le Taekwondo. Mais tu es arrivé jusqu’ici dans mon Dojang, seul, de l’autre bout du monde, partager ce que je sais du Taekwondo. C’est la réponse que je te donne. Le Taekwondo, c’est ce qui nous réuni alors que tout nous séparait. » Il me parlait de son art comme d’un langage et c’était SA définition de l’art martial. Il a dépassé depuis la notion de techniques codifiées propres aux arts martiaux. Ça correspond tout à fait avec l’idée de partage, d’aide au plus faible, du respect de nos valeurs civiques que je me fais de la pratique de l’Art Martial. L’étymologie des mots Art et Martial ne doit pas nous enfermer dans un dogme passéiste mais, au contraire, ouvrir les portes de l’avenir. L’Art martial est construit sur des siècles d’un ciment d’histoire humaine douloureuse, guerrière, dominatrice, mais aussi conquérante et parfois chevaleresque. L’histoire de l’Humanité est bâtie sur la domination des uns par les autres. Art Martial n’est pas art de guerre – enfin, pas uniquement. C’est l’art aussi d’éviter les conflits, c’est l’esprit pacifiste. La force alliée à la connaissance fait du meilleur pratiquant un homme de paix. N’oublions pas que dans le passé, la caste des Wharang avait érigé un code d’honneur, une codification des techniques et de leur utilisation, le Wharang-do. C’est cet esprit, le souffle d’une énergie positive, créatrice, porteuse d’un message vers l’avenir que nous, humbles enseignants, essayons de communiquer aux plus jeunes. Réussir son Art, c’est réussir sa vie… La technique pour la technique ? Dans quel but ? Même le sportif en taekwondo doit préparer sa sortie des tapis pour appliquer dans son quotidien toutes les leçons apprises à l’entraînement et en combat. Le sport aussi, comme l’art martial, a ses règles, mais contrairement à l’Art qui induit un message transmis par le Maître, le sport Taekwondo a un cadre précis, écrit par un comité d’experts, en l’occurrence une Fédération. Le champ d’action sera assez large pour pouvoir évoluer dans le temps, mais assez précis pour que tout un chacun puisse identifier sa spécificité. Le Taekwondo sportif, compétitif, est l’enfant naturel du taekwondo traditionnel. Les Hommes, en Europe, en Asie et partout dans le monde, ont depuis longtemps pratiqué des jeux d’opposition, des duels codifiés et des joutes. Chez nous, il y a eu les Chevaliers, leurs combats à l’épée, à cheval ou à pied, différentes formes de luttes comme la lutte bretonne qui trouve sa source très loin dans des origines Celtes. Etablir une règle commune permet de désigner un vainqueur de façon équitable. On n’oubliera donc jamais qu’un Champion du Monde l’est à l’instant du combat et dans une règle donnée. Le sera-t-il dans la vie ? Il y a des grands guerriers et des grands champions dans tous les domaines professionnels. On les reconnaît non pas pour leurs titres mais pour leurs qualités humaines. Une médaille n’est qu’un symbole de cet instant éphémère de la victoire. L’Homme se délecte de tous ces symboles. En Asie, la Symbolique est dans toute chose. Le dobock, la façon de le porter, de le plier, la ceinture, la position des couverts sur la table, la place des gens à cette table, le langage, etc. Tous les rituels de cet Art doivent finalement permettre une meilleure socialisation de l’individu. Des jeux festifs (quelques fois très violents) populaires jusqu’aux environs du XIIIème siècle, on est passé du sport par procuration, où l’on faisait s’affronter des domestiques robustes qui représentaient le bourgeois ou le noble, pour enfin arriver à l’épanouissement de l’individu par le sport tel que décrit initialement par Pierre de Coubertin (malgré son caractère misogyne). C’est la base de la structuration de nos sports internationaux. Le Sport Taekwondo a, quant à lui, grandit et acquis ses lettres de noblesse olympique plus vite qu’aucun autre sport avant lui. Peut-être est-ce là le fruit de l’esprit guerrier de ses dirigeants. L’objet de la Fédération est de propager et STANDARDISER le Taekwondo. Difficile de propager sans « standardiser ». La politique de développement a été extrêmement efficace. Des règles simples, la beauté du geste, des poomsés simplifiés, des techniques identifiables à l’Art Coréen Taekwondo, l’adoption d’un seul vocable TAEKWONDO unifiant tous les autres styles, des experts envoyés dans le monde entier et, en cinquante ans, après avoir franchi toutes les hiérarchies du sport international, la reconnaissance culturelle et médiatique est là. Les deux univers : sport et art plus traditionnel, grandissent de concert puisque étant de la même source. Aujourd’hui, on peut constater que l’un enrichit l’autre et réciproquement. La compétition, par son cadre strict, doit faire preuve d’une incessante créativité pour palier aux règles d’arbitrage. Ces règles d’arbitrage définissent le mode de fonctionnement et assure aussi le rôle de garde-fou contre toute dérive qui ferait perdre son âme au côté sportif du taekwondo.(!?!?)


Un art martial vivant se doit d’évoluer. La morphologie des individus évolue, les mentalités aussi. Le sport, point de convergence de ces deux paramètres, société et arts martiaux, est un peu le laboratoire vivant du taekwondo. On y éprouve des techniques et des stratégies. C’est bien ce que l’art martial a fait en son temps. Pour exister, la forme compétitive a puisé dans les techniques qui lui semblaient le plus appropriées, issues de l’art martial et de son histoire. Certaines techniques élaborées dans l’univers compétitif viendront sûrement enrichir le taekwondo traditionnel. Si on ne regarde pas le sport et l’art martial comme deux frères ennemis mais comme le prolongement d’une même racine, on pourra longtemps envisager qu’ils grandissent et se nourrissent l’un de l’autre. Les « puristes » ne cessent de vitupérer contre « l’euphémisme du combat » en compétition ainsi que contre le peu de techniques employées. On peut argumenter à ce sujet qu’il s’agit tout de même d’un sport de plein contact où les coups peuvent être portés dans les zones autorisées avec toute la puissance possible.( je me fais l'avocat du diable)... C’est un spectacle certes, mais les gens y adhérent de leur plein gré, par choix, parce qu’à un moment de leur vie ça correspond à un mode d’expression qu’ils ont choisi. Le discours de l’entraîneur à ce moment-là est important pour ne pas que toute l’implication induite par cette forme de compétition ne laisse le pratiquant aller « droit dans le mur » au détour d’un échec (ou de plusieurs). …Et puis un jour, la « carrière » sportive s’arrête. L’art martial lui, peut vous porter toute la vie, c’est pour ça que, plus haut, je parlais de racine commune, ce qui sous-entendait : le prolongement. Je me souviens d’un jeune instructeur, qui sortait d’une carrière sportive en dent de scie, quelques bons résultats junior, des coups durs en senior, et puis plus rien. Il est venu un jour me voir presque en pleurant au Dojang : Fred, j’ai ouvert un cours de taekwondo mais, en dehors des coups de pied que j’ai appris pour la compétition, qu’est-ce que je peux offrir au pratiquant qui vient chez moi pour apprendre l’art martial ? On a parlé longtemps. Je lui ai montré que son savoir était plus riche qu’il ne pensait, qu’il fallait aussi qu’il cherche et fasse preuve d’imagination dans la construction de ses cours. Il a aujourd’hui arrêté le taekwondo. J’ai vu beaucoup de gens autour de moi s’investir à fond dans les premières années de pratique et disparaître un jour à tout jamais des tapis. L’apprentissage d’un sport est dur et contraignant si l’on veut des résultats, mais l’étude de l’art martial est le fruit de toute une vie. J’ai fait mien l’adage de Monsieur Bouglione : « Au Taekwondo (il parlait lui du cirque), on est toujours amateur, car la vie est trop courte pour devenir Artiste ». N’oublions pas que le taekwondo, sport ou art martial, ne serait que de la technique s’il ne permettait à l’individu de se construire comme citoyen et de s’élever comme homme de Paix. Frédéric FOUBERT 

 
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article